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Au Coeur du Pays Basque ISPOURE !
13 novembre 2022

Commémoration du 11 novembre ( suite )

Bonjour à tous nos lecteurs

Suite à l’article paru hier sur la commémoration du 11 novembre, plusieurs lecteurs nous ont interrogés, sur ce poilu Joseph Abadie, le contexte et la possibilité d’obtenir la teneur de cette lettre lue par la directrice de notre école.

Voici  quelques précisions ;

Joseph Abadie était né le 22 mars 1890 dans les Pyrénées Atlantiques. Il a 27 ans. Eclaireur de la batterie, il était chargé d’assurer une liaison optique dans un poste particulièrement dangereux.

Le 15 avril 1917, la Grande Batterie est armée : 30 canons de 75, approvisionnés de 21.000 coups, attendent à 400 mètres des lignes ennemies, l’ordre d’ouvrir le feu du général Nivelle. Le 16 avril, à 6 heures, les premières vagues d’assaut des Sénégalais déferlent sur l’envahisseur et les téléphonistes installent leurs postes d’observation jusqu’au-delà du Chemin des Dames. Malgré le terrain détrempé par les pluies et les boyaux effondrés, les 9 batteries seront alimentées toute la journée. Les pertes sont lourdes : 6 officiers, 12 sous-officiers et 55 hommes tombent au champ d’honneur.

Ce même 16 avril 1917, à la Tour de Paissy, le brigadier Joseph Abadie de la 1ère batterie est grièvement touché. Il est transporté par les brancardiers de la 10ème DIC à l’ambulance n° 10, à Jumigny- Aisne. Les blessures sont très importantes et il décède le lendemain, mardi 17 avril 1917.

Le 6 juillet 1917, il est cité à l’ordre du 18ème Corps d’Armée de la IIème Armée : « Le 16 avril 1917, Joseph Abadie a exécuté sa mission consciencieusement et tranquillement sous le bombardement ennemi, jusqu’au moment où un obus est venu le frapper mortellement. Est mort en donnant le plus haut exemple de courage et d’abnégation. Ses dernières paroles ont été : Vive la France ! »

Le sort de Joseph Abadie nous rappelle que des milliers de soldats, dont nos concitoyens d’Ispoure, ont subi le même sort, après de durs combats. Tous n’ont hélas pas laissé de lettre destinée à leur famille, mais ils méritent le même respect et notre devoir de mémoire.

Enfin, voici la teneur de cette lettre :

 

« Au moment suprême, le 15 avril 1917.

 

Mes bien chers parents.

Oui, je suis au moment suprême. Dans quelques heures je pars à l’attaque. Je ne sais encore si je pars avec les vagues d’assaut d’Infanterie ou si je reste à la batterie comme agent de liaison. Dans les deux cas, à quelque chose près, mon poste est très périlleux. Jamais je ne me suis senti si près de la mort. Dieu me protégera-t-il comme il l’a fait jusqu’à présent. A sa volonté. J’accepte avec résignation mon destin et l’envisage avec confiance.

La mort ne m’a jamais effrayé, moins encore dans quelques instants. La noble cause pour laquelle je lutte ne m’a jamais apparu si belle, si grandiose. Voilà pourquoi je ferai courageusement mon devoir de Français et aussi pourquoi mon sacrifice n’en sera que plus doux. Aussi, si je tombe frappé à mort avant de quitter cette terre de douleurs pour le divin séjour du ciel, vers ce beau ciel qui captiva toujours mon âme, séjour bienheureux que j’aime à évoquer aux heures critiques, je me fais un devoir de vous adresser mon dernier adieu et mes plus doux baisers.

Cher papa, chère maman, vous savez combien je vous ai toujours chéris et adorés. Votre image ne m’a jamais quittée ; elle a été dans les moments graves, avec celle de Dieu tout Puissant, mon soutien moral m’aidant par là à affronter avec courage les pires dangers. Peut-être n’ai-je pas toujours été un de ces gentils enfants si dociles, si expansifs qui font les délices des parents. Non, je ne le sais que trop, hélàs !

Mon tempérament si rude, mon caractère violent, volontaire, en sont les vraies causes. Mais, consolez-vous, chers aimés, sous cette cuirasse de fer, un vrai cœur de fils a toujours vibré sous ces apparences trompeuses, mon amour envers vous n’en était que plus profond, plus réfléchi, soyez-en certains. Si mon heure dernière a sonné, voici mes dernières volontés. Si mon corps repose en ce cher pays de France que nous allons libérer des mains profanes, laissez l’y dormir en paix. Des mains pieuses fleuriront ma tombe, ma chère France sera la mère bien aimée qui viendra comme tant d’autres y prier, y pleurer. Dieu fera le reste !

Maintenant, si j’allais mourir dans un hôpital ou tout autre lieu où il fut possible de recueillir mon corps, je désire de tout mon cœur être enterré à Thèze, à côté de chère grand-mère, cher grand-père, en ce cher pays que j’ai constamment aimé du plus profond de mon être ! Dieu que je l’aime ce cher Thèze.

Dans mes papiers que l’on vous renverra, vous y trouverez deux manuscrits dont vous connaissez les textes : le carnet de route du début de la campagne et celui de Verdun. Ce dernier est prêt, pas entièrement mais il peut paraître ainsi. Comme c’était mon idée, vous les ferez imprimer et en ferez don au Comité départemental des Prisonniers de Guerre des Hautes-Pyrénées. Mon argent suffira amplement aux frais d’imprimerie.

En prévision de trop grandes difficultés, vous garderez les manuscrits comme pieux souvenirs. C’est tout, mes bien chers parents. Là-haut, avec mes grands-parents, ma chère Madeleine et mon cher ami Jean, je prierai pour votre bonheur sur terre. Surtout ne vous frappez pas beaucoup, cette idée m’est trop cruelle pour que j’y songe réellement. Dites-vous toujours que je serai plus heureux là-haut que sur terre. Mon plus cher souvenir à M. et Mme Beau ainsi qu’à toute leur famille. A vous papa, maman, grand-mère chéris, ainsi qu’à tous mes oncles, tantes, cousin, cousine, mon cœur et mes plus doux baisers. Votre fils bien aimé, qui quitte cette terre maudite pour le divin séjour des cieux, vous embrasse bien tendrement. Soyez certains qu’il fera son devoir et pourrez être contents de lui. Vive la France, vive la patrie chérie. »

Joseph Abadie

 Je suis persuadé  que vous serez envahis par la même  émotion que nous avons eu.

Jean Baptiste

 

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