L’église et ses cadeaux …
Bonjour chers lecteurs,
En cette période de noël, propice aux cadeaux, le clergé nous a offert la messe de noël ce dimanche 25 décembre. Il convenait de signaler cela, puisqu’ il y a longtemps que les offices n’ont plus lieu à Ispoure, exceptées les messes d’obsèques, pour l’instant maintenues.
L’avenir nous dira si c’était pour remercier la municipalité en place, qui vient d’offrir son cadeau : le remplacement de tout l’éclairage interne de l’église, par des luminaires LED, le tableau électrique et l’installation d’une alarme incendie ?
Toujours est-il que nous avons maintenant un lieu de culte lumineux, tout en restant économe en matière d’énergie électrique.
Les personnes qui préparent les lieux pour les cérémonies, ont aussi installé la crèche au pied de l’autel. Les divers personnages qui composent cette crèche sont très anciens. Moulés dans du plâtre, leurs couleurs ont de nombreux manques, dus aux manipulations lors des rangements. Cette crèche, nous l’avons longtemps connue installée à gauche, dans une étable reconstituée avec sa mangeoire, surmontée d’un papier imitant la montagne ; nous étions émerveillés !
Dans cette église, nous pouvons recenser de nombreux changements au fil des ans :
- Dépouillement : la balustrade (table de communion) qui fermait l’autel a été supprimée ; Il y a moins de statues, plus aucun lustre. Souvenez-vous des enclos au milieu des chaises réservés aux familles nobles du village.
Les chaises qui faisaient un peu fouillis ont été remplacées par des bancs.
- Ravalement : Les murs ont été décrépis par l entreprise Erramoun, mettant en valeur les pierres les constituant, témoignages de nos tailleurs de pierres locaux.
- Second escalier menant aux galeries, réalisé par Etienne Goity ; il est tellement identique qu’il est difficile de reconnaître celui d’époque
- L’harmonium lui aussi, a été relégué aux oubliettes, remplacé par un instrument électronique genre synthétiseur, disposant de multiples possibilités.
- L’électrification et la gestion électronique de l’horloge et des cloches.
Une seule chose n’a pas changé, et toujours là ! C’est le confessionnal ! Une relique plus symbolique qu’utile… Il ne sert plus aujourd’hui, en tout cas pas pour sa vocation première, celle de confesser les ouailles.
Mais revenons à notre harmonium. Ce genre d’appareil a été produit en grande quantité au 19° siècle, particulièrement pour équiper les églises, à défaut de pouvoir s’offrir un orgue. Au milieu du 20° siècle, l’harmonium tend à tomber en désuétude, pour être remplacé par des appareils électroniques.
Composé de jeux d’anches alimentées séparément en air par l’intermédiaire de soupapes commandées par des tirettes appelées registres. Une combinaison de registres multipliait les possibilités sonores de l’instrument. Quant à l’air nécessaire pour son fonctionnement, il était produit par un pédalier solidaire de soufflets, commandés par les pieds de l’harmoniumiste.
Nous avons connu trois ispouriennes qui se sont succédé aux commandes de cet harmonium : Mlle Angèle CHALIES, Mme Marianne INDABURU (née ALDACOURROU), et Mlle Maité ARDOIN.
Depuis, les pianistes qui rehaussent les cérémonies ne sont plus du village. Félicie Urrutia de Lasse et Maité Larralde d’Uhart-Cize se relaient au clavier.
Madame Marianne INDABURU, âgée de 92 ANS, vit toujours à Ispoure, à deux pas de l’église. Aussi, nous en avons profité pour l’interroger. Voici son récit :
« En pension au Collège Stella Maris à Anglet, j’apprends le solfège et j’effectue deux années de piano avec une religieuse. A mon retour du pensionnat, je ne jouais plus, car j’étais au patronage tous les dimanches. De plus, chez moi, il n’y avait pas de piano, aussi, j’allais chez Madame TRAPET, à la maison Elgue au pied de la ferme Abotia, pour parfaire mon entrainement.
En 1944, à l’âge de 14 ans, Mademoiselle Marie-Jeanne LARDAPIDE, était venue me chercher au patronage, me sollicitant pour jouer sur l’harmonium de l’église. C’est ainsi que j’ai commencé sur cet instrument.
Parallèlement, ma tante Mademoiselle Gracianne POUCHULU, couturière, me payait des cours de musique à Saint-Palais, dispensés par Mr Joseph Sigismond Florentin VOGEL, organiste en titre de la paroisse de Saint-Palais.
Tous les vendredis matin, je prenais le bus à destination d’Amikuze. Mr VOGEL me donnait une leçon le matin, et une seconde l’après-midi. Emportant ma gamelle avec moi, je mangeais chez les Franciscains.
Pour la petite histoire, Mr VOGEL était natif de Pfaffensheim dans le Haut-Rhin. Organiste, compositeur et professeur de musique, il avait épousé le 29/08/1899, Melle Félicie Catherine Hourcade de Saint Palais.
Ainsi j’ai joué à Ispoure durant 40 années, pour accompagner les messes classiques, les vêpres et les messes des enfants les jeudis, (c’était à l’époque le jour de repos scolaire.) De mon temps, il n’y avait pas d’accompagnement musical pour les messes d’obsèques. Cela a évolué depuis… J’ai toujours utilisé le même instrument, remisé depuis quelques années à la sacristie. Il a été remplacé par un piano électronique, moins encombrant et possédant de multiples possibilités sonores.
Concernant la crèche, j’ai connu dans les premières années, des personnages rustiques réalisés par Mlle ROUSSET, fille du docteur que les anciens ont bien connu. Mais très vite, ils furent retirés et remplacés par les personnages que nous connaissons toujours. Après plusieurs décennies, leurs couleurs sont abîmées, sans doute par les chocs des manipulations. Une restauration pourrait prolonger leur existence de plusieurs autres décennies. »
Merci à Marianne pour toutes ces précisions, qui resteront dans la mémoire collective si précieuse. Elle aura d’autres récits à commenter, nous n’en doutons pas.
Bonnes fêtes à tous.
Jean-Baptiste
La crèche au pied de l'autel
Les personnages ont souffert du temps, avec des couleurs abîmées
L'harmonium : on distingue bien le pédalier et la genouillère d'expression.